Histoire du Pont de la Roque
Entre Heugueville et Urville, un bras de mer les sépare au confluent de la Soulles et de la Sienne. Ces deux rivières étaient remontées par mes marées jusqu’à hyenville pour la Sienne et Bricqueville-la-Blouette pour la Soulles sous le temps des Romains. La Soulles était un petit torrent qui se jetait à angle droit dans la Sienne face à Montchaton. Cette rivière déposait dans le lit de la Sienne, un amas de cailloux fermant un gué, utilisés par les Unelles, tribu de la région de Coutances.
Lors de l’arrivée des Romains en 58 av. J.C (ceux qui occupaient Coutances (Cosedia) se servaient de Regnéville comme port, ou plutôt de havre d’échouage pour leurs bateaux de commerce) construisirent un pont sur le gué. Ce pont fait de dix pilirs en maçonnerie supportait un tablier de bois, avec une arche plus large pour laisser passer plus facilement le violent flot des grandes marées. Cette arche fut appelée arche maîtresse et fut gardée pendant les guerres. Les Romains sur la butte de Montchaton avaient un poste de guetteurs pour surveiller le pont et la route de Regnéville, voie de ravitaillement pour leurs légions. Cette route, après le pont, passait par Monteil, mettant la maison Pesnel(actuelle) sur la commune de Montchaton, puis allait vers Urville, Grimouville et Regnéville. A cette époque, Chausey, Jersey étaient rattachées à la côte, faisant de Regnéville le seul port ayant accès à la mer, qui se trouvait entre les Minquiers et Jersey.
Le pont de la roque doit son nom (d'après moi), à la roche qui se trouvait entre le confluent, et le marais formant une bande de terre de 80m de long et de 25m de large sur laquelle repose la première arche. Ce pont, au fil des ans, a vu passer les Vikings, les Anglais pendant la guerre de cent ans, les armées royales du duc de Richemont, et pendant 1900 ans a résisté aux marées, aux intempéries et aux dégradations diverses. Sous la révolution, le district du présidial de Coutances en 1794, ayant pris en compte les doléances des gens du pays de Regnéville en 1789, fit envoyer le charpentier Navarre, chargé de trouver des charpentiers en nombre suffisant pour réparer le tablier du pont en mauvais état. Il faut attendre 1842 pour que le conseil général de la Manche décide de remplacer les arches en bois par des voûtes en maçonnerie, reposant sur les piliers de pierres romains. Un budget de 50 000 F fut voté. Le pont gagna une arche, mais resta étroit, avec des trottoirs en encorbeement. Avant laguerre de1939-1945, il fut procédé à un rnforcement au pied des piles par un enrochement.
Dans les années 1834 à1840, la construction du canal de la Soulles necessita la déviation du confluent avec la Siennne, d'amont. Elle se jeta en aval ; un nouveau ponf appelé pont beif, à l'étal de la marées, retennait l'eau nécessaire qfin d'éviter, lors des éclusages, une perte d'eau de la Soulles. Entre les deux guerres, l'attraction au pont était la pêche au carrelet. Presque toutes les arches du grand pont étaient, au moment des marées, occupées par les fervents de cette pêche au hasard. A cette époque, on pouvait apercevoir en aval du pont beif l'épave d'une gabare.
En 1943, sous l'occupation le grand pont fut gardé par des civils jusqu'au 23 avril, jour du premier bombardement. Le 15 juin 1944, à 16h30,le pont fut détruit par des avions anglais, ce qui n'empêcha pas les bombardements de continuer. Au total 33 raids, effectués par le même type d'appareil : avion Mustang 3300 km d'autonomie, armé de qutre mitrailleuses, deux bombes de 225kg chacune, ou de bombes en tôle de 50kg appelées torpilles. 800 de ces bombes furent larguées, dont beaucoup s'enlisèrent dans la tangue sans exploser. L'aviation américaine s'est servie de ce pont comme école pour ses jeunes pilotes, puisque ce sont les nglais, en dehors de leur zone qui ont éxécuté le travail. On peut mettre en doute la théorie de la nasse, car du point de vue militaire, les Allemands ne se seraient pas fait prendre au piège, dans cette région sans couvert d'arbre et un marais dans le dos, sans espoir de retraite. Le peu de végétation sur la côte a permis au XIII corps du général Major Troy H Middleton, débarqué le 18 juin à Utah Beach, après les durs combats du mont Castre d'avancer rapidement sur les routes côtières sur le flanc droit du VII corps de Collins. Le samedi matin 29 juillet, à 8h15, les éléments avancés du 68e BT de chars et du 44e Rg d'infanterie du CCA, sous le commandement du brigadier général James Taylor sont partie par un tir de 88mm. Il y a eu 3 morts et 10 blessés. Vers 9h, les Américains, venant d'Agon, font leur entrée à egueville sous les tirs de fusants. Des batteries sur les hauteeurs de la commune les réduisent au silence. A 10 h, le génie pose une nouvelle passerelle sur le lit de Sienne sous Lerebourg. A 10h30, un pont amphibie est lancé en amont de la passerelle et la maison Lerebour est détruite au bulldozer pour permetrre l'accés à ce pont, pendant que d'autres ont commencé le montage du pont Bailey aui sera posé vers 17h, pemettant la ruée du VIII corps qui durera jusqu'au dimnche soir et d'être à Avranches le 31 juillet. Le VIIIe corps, le IIe de Collins et le Ve sous le commandement de Patton deviendra laz IIe armée US. Le VIIIe poursuivra vers Saint-Malo et Brest. Le pont Bailey sera modifié quelques années plus tard et c'est en 1970 qu'il sera remplacé par un nouveau pont en béton. (Article écrit par Claude Le Souquet paru dans la Manche Libre)